Première au Maroc : Les cultivateurs de cannabis organisent une marche

Une manifestation à Taounate pour les droits des agriculteurs

Ce matin, mardi 5 août 2025, le district de Taounate a été le théâtre d’une manifestation massive, partant de la commune de Gafsai en direction du siège de la préfecture. Plus de 100 agriculteurs, à bord de nombreuses véhicules de transport rural, ont exprimé leur mécontentement en brandissant le slogan : « Pas de réglementation sans droits », signalant ainsi leur colère et leur détermination à revendiquer leurs droits légitimes.

Cette mobilisation, qui s’est déroulée sous des températures élevées sur plusieurs kilomètres, fait suite à une série de déceptions qualifiées par les agriculteurs de « déception institutionnelle ». Ces derniers dénoncent le retard dans le paiement de leurs créances par les entreprises autorisées à valoriser le cannabis, bien que des mois se soient écoulés depuis la remise de leur récolte conformément aux procédures établies par la loi de légalisation.

Contexte de la protestation : des espoirs déchus

L’annonce de la légalisation de la culture du cannabis au Maroc suscitait de grands espoirs chez les agriculteurs des zones longtemps marginalisées et poursuivies pour leur culture du « kif ». L’amnistie royale accordée aux agriculteurs précédemment poursuivis représentait une lueur d’espoir, suivie par l’instauration d’une loi promettant d’intégrer ces agriculteurs dans le système économique officiel. Cependant, après des années d’attente, ces espoirs se heurtent à une réalité difficile, marquée par des retards de paiement de la part des entreprises autorisées et unenégligence des plaintes par les autorités compétentes, notamment l’Agence nationale pour la réglementation des activités liées au cannabis.

Face à cette situation, les agriculteurs ont organisé cette marche qui a atteint la commune d’Al Wurtzagh à midi. Les autorités locales et sécuritaires ont tenté de dissuader les manifestants de poursuivre leur marche vers le siège de la préfecture, mais la détermination des agriculteurs à faire entendre leur voix a prévalu, leur permettant d’atteindre l’entourage de la préfecture de Taounate dans un contexte de forte présence sécuritaire.

Accusations d’accaparement et de non-respect des engagements

Les manifestants accusent des entreprises et des coopératives liées à des élus et à des personnalités influentes d’« accaparer le marché » et de « fuir leurs obligations contractuelles ». Selon eux, ces entités auraient détourné le projet de légalisation à leurs propres fins, aux dépens des petits agriculteurs. Les agriculteurs considèrent cette situation comme un « renversement de l’esprit de la loi de légalisation », qui était censée garantir la justice économique et leur assurer la dignité. Au lieu de cela, beaucoup se sentent trahis et abandonnés, sans soutien réel ni réponse de la part des instances officielles.

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