Enquête sur la disparition de Mehdi Ben Barka : Avancées et incertitudes persistantes
Le fils de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé à Paris en 1965 sans que son corps ait jamais été retrouvé, a récemment déclaré avoir été entendu par la justice. Selon Bashir Ben Barka, l’enquête sur cette affaire, la plus ancienne en cours en France, n’a jamais été interrompue.
Jeudi dernier, il a été auditionné pendant deux heures par un nouveau juge en charge de l’enquête, qui se poursuit depuis 1975. À l’issue de cette session, il a exprimé sa satisfaction quant à l’engagement de la magistrate, affirmant qu’elle s’investit réellement dans la recherche de la vérité.
Le mystère entourant le sort de Mehdi Ben Barka demeure entier après plus de soixante ans. Ancien leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc, il a été enlevé le 29 octobre 1965 devant un restaurant parisien à l’âge de 45 ans, alors qu’il était sous le coup d’une condamnation à mort par contumace au Maroc.
Une première enquête en 1967 avait montré que son enlèvement avait été orchestré par les services secrets marocains, avec la complicité de la police française et de criminels locaux. Cependant, le dossier reste incomplet. Bashir Ben Barka a également évoqué la possible implication des services secrets israéliens, ainsi que la connaissance préalable des autorités françaises et américaines.
Il a critiqué les gouvernements marocain et français pour leur manque de transparence, qualifiant de « farce » la gestion de cette affaire par l’État français. Il a souligné que le gouvernement avait annoncé la déclassification de plus de 80 documents reliés au dossier.
Concernant les suspects, sur cinq mandats d’arrêt émis en 2007, deux seulement restent valides, visant le général Hosni Ben Slimane, à l’époque directeur de la gendarmerie royale, et Miloud le Tunisien, un membre présumé du commando exécutant. Les trois autres suspects sont décédés.
Pour sa part, l’avocate de Bashir Ben Barka, Marie Douze, a affirmé que dans ce type d’affaire, le temps peut également jouer en faveur de la vérité, ouvrant la possibilité de témoignages et de déclassification de documents.
L’enquête se poursuit, alors que les interrogations aboutissant à la disparition d’une figure emblématique du combat pour la liberté au Maroc restent d’actualité.



