La communauté marocaine au Canada face à une menace de départ forcé
Des milliers de Marocains et de migrants originaires de divers pays, ayant bâti une nouvelle vie au Canada, risquent de devoir quitter le pays. Cette situation se profile alors que le gouvernement de Québec s’apprête à adopter un nouveau plan d’immigration pour la période 2026-2029, visant à réduire le nombre de nouveaux arrivants.
Les migrants marocains, en particulier les travailleurs temporaires et les étudiants, craignent de perdre leurs chances d’obtenir un statut permanent. Ce plan, dont le lancement officiel est prévu pour le 6 novembre 2025, pourrait entrer en vigueur dès janvier 2026, exposant environ 80 000 Marocains vivant principalement au Québec à des risques concrets.
Une communauté marocaine prospère menacée
Avec près de 100 000 membres, les Marocains constituent l’une des plus grandes communautés arabes au Canada, dont plus de 81 000 résident au Québec. En 2025, 1 835 Marocains ont acquis la nationalité canadienne, représentant ainsi 7 % des nouvelles nationalités. Travaillant dans des secteurs tels que la technologie, la santé et l’éducation, ces migrants ont notamment contribué à l’économie de la province, mais ils se trouvent à présent face à un changement politique qui pourrait bouleverser leur existence.
L’histoire témoigne de la sensibilité de cette communauté aux réformes. En 2020, les modifications apportées au programme “Expérience québécoise” (PEQ) avaient suscité une vive indignation parmi les étudiants et travailleurs marocains, qui y voyaient une menace pour leur avenir. Actuellement, le programme est suspendu jusqu’au 30 novembre 2025, occasionnant de nouvelles inquiétudes alors que des milliers de Marocains poursuivent leurs études dans des universités francophones du Québec, s’appuyant sur ces programmes pour accéder à la résidence permanente.
Le nouveau plan : réductions drastiques et mise en œuvre imminente
Le gouvernement du Québec a annoncé un plan d’immigration pour 2025, prévoyant l’accueil de 48 500 à 51 500 migrants permanents, contre 66 000 les années précédentes, accompagnée d’une réduction des migrations temporaires de 13 %. La stratégie 2026-2029 envisage de ramener ces chiffres à 25 000-45 000 chaque année, avec une attention moindre aux travailleurs temporaires et étudiants.
Ces mesures, qui seront présentées à l’Assemblée nationale au plus tard le 6 novembre 2025, entreront en application dès janvier 2026, laissant présager non-renouvellement des permis temporaires et allongement des délais d’obtention de la résidence permanente. Pour les Marocains, qui représentent une part importante des travailleurs étrangers dans les secteurs de l’hôtellerie et des services, cela signifie des risques directs. Si l’accès au PEQ ou au programme des travailleurs qualifiés (qui rouvrira en juillet 2025) leur échappe, ces migrants pourraient être contraints de quitter le pays.
Par ailleurs, le Québec demande à Ottawa de réduire de 200 000 le nombre de travailleurs temporaires et de demandeurs d’asile, ce qui exacerbe la pression sur les communautés, notamment la marocaine.
Risques humains et économiques : réalités vécues
« Je me sens trompé », résument de nombreux Marocains leurs angoisses. Le plus grand danger pèse sur les étudiants : des milliers de Marocains étudient au Québec, mais les réductions pourraient compromettre leur capacité à demeurer après l’obtention de leur diplôme, entraînant un “brain drain” inverse.
Des experts avertissent que ces politiques risquent d’entraver l’attraction des talents qualifiés, notamment dans les régions rurales déjà confrontées à une pénurie démographique.
Économiquement, cette situation pourrait engendrer d’importantes pertes ; si des dizaines de milliers de personnes partent, la crise de l’emploi dans des secteurs essentiels pourrait s’aggraver, comme par le passé lorsque les changements avaient entraîné une baisse du maintien des migrants.



