Avec le dĂ©but des pluies sur les montagnes de lâAtlas au Maroc au dĂ©but de ce mois, Lahcen Abarda (72 ans) sâest prĂ©cipitĂ© pour renforcer les bĂąches en plastique de la tente oĂč il vit depuis deux ans.
Abarda, qui fait partie des victimes du tremblement de terre de 2023 ayant fait prĂšs de 3000 morts, a renouvelĂ© les bĂąches de sa tente en raison des dommages causĂ©s par le soleil et le vent, tout en attendant toujours de lâaide pour construire une nouvelle maison.
Il a ajoutĂ©, Ă©tant agriculteur vivant dans la tente avec ses deux filles : âJe vis dans des tentes en plastique depuis que ma maison a Ă©tĂ© dĂ©truite, et chaque fois que je demande, on me dit que je bĂ©nĂ©ficierai plus tard.â
Investissement dans les stades de la Coupe du Monde 2030
Deux ans aprĂšs le tremblement de terre de 6,8 degrĂ©s qui a frappĂ© le Maroc, le rythme des efforts de reprise est dĂ©cevant pour de nombreux sinistrĂ©s, et les critiques soulignent le contraste entre ceux-ci et la rapiditĂ© des investissements dans la construction des stades et des projets dâinfrastructure en vue de la Coupe dâAfrique des nations de football en dĂ©cembre et de la Coupe du Monde 2030.
La semaine derniĂšre, Ă lâoccasion du deuxiĂšme anniversaire du tremblement de terre, des dizaines de survivants ont organisĂ© un sit-in devant le Parlement marocain Ă Rabat, demandant au gouvernement de traiter lâaide Ă la reconstruction avec le mĂȘme sĂ©rieux que les projets de la Coupe du Monde.
Ils ont brandi des pancartes portant les noms des villages dĂ©truits par le tremblement de terre et ont scandĂ© des slogans tels que âOĂč sont les fonds du tremblement de terre, partis pour les festivals et les stades ?â
Montser Etri, lâun des leaders de la coordination nationale des victimes du tremblement de terre, a dĂ©clarĂ© : âNous sommes heureux de voir les plus grands stades, théùtres et autoroutes du Maroc, mais il existe un Maroc marginalisĂ© et oubliĂ© qui a besoin de volontĂ© politique.â
Le gouvernement marocain a dĂ©pensĂ© 4,6 milliards de dirhams (510 millions de dollars) pour lâaide au logement des victimes du tremblement de terre jusquâĂ septembre, ayant allouĂ© 140 000 dirhams (environ 15 500 dollars) pour les maisons complĂštement dĂ©truites et 80 000 dirhams pour celles partiellement endommagĂ©es.
En revanche, le gouvernement a dĂ©diĂ© plus de 20 milliards de dirhams pour lâamĂ©nagement des stades pour les compĂ©titions mondiales.
Le sentiment gĂ©nĂ©ral au Maroc est largement positif quant aux prĂ©paratifs pour la Coupe du Monde, que les autoritĂ©s affirment renforceront la position du pays et gĂ©nĂ©reront une croissance Ă©conomique et de nouvelles opportunitĂ©s dâemploi.
Les responsables marocains nient donner la prioritĂ© aux dĂ©penses pour la Coupe du Monde au dĂ©triment des efforts de reprise aprĂšs le tremblement de terre et ont saluĂ© le rythme de la reconstruction, comme lâa soulignĂ© le Premier ministre Aziz Akhannouch.
Akhannouch a dĂ©clarĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision officielle : âIl ne reste plus beaucoup de tentesâ et a promis de traiter les cas restants individuellement.
Maroc âĂ deux vitessesâ
Les tentes dĂ©chirĂ©es sâalignent le long de la route menant au village de Salamat, fortement touchĂ© par le tremblement de terre. Certains de ceux qui vivaient dans des tentes auparavant ont Ă©tĂ© relogĂ©s dans des maisons en bĂ©ton construites avec lâaide Ă la reconstruction.
Les donnĂ©es gouvernementales indiquent que parmi les 59 675 maisons endommagĂ©es par le tremblement de terre, 51 154 ont Ă©tĂ© reconstruites, tandis que les autoritĂ©s locales dans la rĂ©gion dâAl Haouz ont signalĂ© que seulement 4 % des maisons nâavaient pas encore Ă©tĂ© construites. Elles ont Ă©galement mentionnĂ© que toutes les tentes avaient Ă©tĂ© dĂ©montĂ©es.
Cependant, la coordination Ă laquelle Etri appartient conteste ces chiffres, affirmant quâun certain nombre de survivants vivent encore dans des tentes et que, mĂȘme pour ceux qui ont obtenu de nouveaux logements, lâaide nâa pas Ă©tĂ© suffisante.
Mohamed Ait Baht, un ouvrier du bĂątiment, a dĂ©clarĂ© Ă Reuters quâil avait reçu seulement 80 000 dirhams pour rĂ©parer sa maison partiellement dĂ©truite, mais on lui a demandĂ© de dĂ©mĂ©nager dans une zone prĂšs du village sans recevoir dâaide adĂ©quate.
Il a dĂ©clarĂ© depuis sa maison en construction inachevĂ©e, oĂč il vit avec sa femme et sa fille : âNous avions prĂ©vu dâorganiser un mariage pour mon fils, mais les fonds que nous avons reçus nâĂ©taient pas suffisants pour la construction. Nous avons Ă©puisĂ© toutes ses Ă©conomies, et il nous reste encore beaucoup de travail Ă faire.â
Ă environ une heure en voiture, dans le village dâAnarny, de nouvelles maisons de plain-pied en briques et Ă façades uniformes remplacent les maisons traditionnelles en terre, pierre et bois, typiques des habitants de la rĂ©gion de lâAtlas berbĂšre, tandis que des rangĂ©es dâabris temporaires en tĂŽle se dressent Ă cĂŽtĂ©.
Ă lâintĂ©rieur de lâun dâeux, AĂŻcha Ait Adi est assise sur un tapis en plastique et sert du thĂ©.
Elle a dĂ©clarĂ© : âMa maison a Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truite. Quand je me plains, on me dit que je ne vivais pas ici. Mais jâai une maison ici. Veulent-ils que je quitte mon village ?â
Le Maroc, dont certaines villes présentent des niveaux de vie comparables à ceux des pays européens, a réussi à réduire le taux de pauvreté de 11,9 % en 2014 à 6,8 % en 2024.
Cependant, les zones rurales continuent dâafficher des taux de pauvretĂ© supĂ©rieurs Ă la moyenne, selon lâAgence nationale de la statistique et de lâinformation. Le roi Mohammed VI, qui fixe les orientations de la politique marocaine, a reconnu cette fracture.
Dans un discours prononcĂ© en juillet, il a dĂ©clarĂ© : âIl nây a pas de place aujourdâhui et demain pour un Maroc Ă deux vitessesâ et a appelĂ© Ă des rĂ©formes pour renforcer le dĂ©veloppement dans les zones rurales.
Contenu généré à partir de la version arabe de Tanja7.com



