Obsèques de Ziade Rahbani : Hommage des fans à Beyrouth

La célèbre chanteuse libanaise Fairouz a fait ses adieux à son fils, Ziade Rahbani, décédé samedi à l’âge de 69 ans. Des centaines de ses admirateurs se sont rassemblés le lundi 28 juillet devant un hôpital à Beyrouth pour assister au transfert du corps vers une région montagneuse au nord-est de la ville, où les funérailles se dérouleront dans l’après-midi.

Plus de mille personnes ont convergé vers l’hôpital « BMJ » dès les premières heures du matin, mobilisées par des messages diffusés sur les réseaux sociaux. De nombreux participants ont apporté des fleurs blanches et rouges, et certains ont tenu des affiches avec des photos de Rahbani, inscrites avec des phrases tirées de ses chansons.

Alors que la musique du défunt résonnait dans la rue, les présents ont commencé à échanger des condoléances. Un groupe a entonné des morceaux emblématiques de Rahbani, dont « Pour la première fois, nous ne sommes pas ensemble », une œuvre majeure dédiée à sa mère.

À la sortie du véhicule transportant le cercueil, une moto de la police ouvrait la marche et un tonnerre d’applaudissements a accompagné les sonneries des cloches de l’église locale. Beaucoup dans la foule étaient en larmes, dispersant des fleurs et du riz sur le passage du cortège. D’autres ont salué depuis leurs balcons dans ce quartier où Rahbani avait sa résidence et son studio.

Certains ont demandé à pouvoir retirer le cercueil du véhicule pour permettre aux admirateurs d’y porter un dernier regard, souhaitant également le porter à travers le quartier cher à son cœur. Beaucoup ont relancé des appels sur les réseaux sociaux pour une journée de deuil national et pour le protocole de mise en berne des drapeaux, en hommage à l’illustre défunt.

Bien que les présents aient été divers, une forte proportion de partisans d’idéologies de gauche était visible. Rahbani, fils aîné de Fairouz et du compositeur Assi Rahbani, était connu pour ses convictions communistes. Hanaa Gharib, secrétaire général du Parti communiste libanais, a déclaré à l’AFP que Ziade était “un grand artiste révolutionnaire, défendant l’humanité et aspirant à un Liban démocratique, laïque et sans sectarisme”.

Des drapeaux palestiniens ont été brandis, et certains participants arboraient des keffiehs, rendant hommage à Rahbani, connu pour son soutien à la cause palestinienne. D’autres avaient des affiches en soutien à George Abdallah, un militant libanais récemment libéré après plus de 40 ans d’incarcération en France.

Le comédien de théâtre Ziad Itani, présent lors de l’hommage, a partagé auprès de l’AFP : “Je suis ici car je me considère comme issu de la génération des ‘ziadistes’, il a contribué à forger notre conscience politique et sociale”. Ému, il a ajouté que sa mère l’avait nommé d’après lui après l’une de ses pièces.

Connu pour ses spectacles créés durant la guerre civile libanaise (1975-1990), Ziade Rahbani a su aborder des réalités politiques et sociales complexes avec un humour acerbe, gagnant ainsi une large popularité au sein de toutes les couches de la société libanaise. Ceux n’ayant pas pu assister à ses spectacles ont tout de même eu accès à ses œuvres via des cassettes largement diffusées à l’époque, lorsque Beyrouth était divisée en deux camps.

Né le 1er janvier 1956, Ziade Rahbani était également compositeur et musicien. En plus de faire rire son public de son ironie, il a su aborder la dure réalité libanaise, marquée par les divisions sectaires et les traditions ancrées.

Sa carrière artistique a démarré au début des années 1970 avec sa pièce « Sahriya », où il a déjà critiqué les styles traditionnels de ses parents. Ses productions des années 1970 et 1980 ont rencontré un immense succès, encapsulant les problématiques de la société libanaise à cette époque, alimentant ainsi la guerre civile.

Il a composé de nombreuses chansons, dont une grande partie pour sa mère Fairouz, et a joué un rôle déterminant dans la modernisation de son répertoire à partir des années 1990.

Le décès de Ziade Rahbani a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, devenant l’un des sujets les plus commentés au Liban et dans le monde arabe. Une multitude de personnalités du monde de l’art, de la culture et des médias, ainsi que des milliers d’internautes, ont partagé des messages rendant hommage à cet “artiste génial”, accompagnés de vidéos de ses œuvres et d’interviews.

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