Le Parlement européen a voté mercredi dernier en faveur d’un amendement proposé par la Commission européenne, visant à classer l’Algérie parmi les pays présentant un risque élevé en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette décision a été prise lors d’une session plénière à Strasbourg.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du renforcement du cadre législatif européen pour contrer les menaces financières transnationales, en se fondant sur les critères de la Groupe d’action financière (GAFI).
### Contexte de la décision
L’idée de cet amendement s’appuie sur une révision des réglementations du règlement européen n° 2015/849, communément appelé la quatrième directive relative à la lutte contre le blanchiment d’argent. Ce règlement confère à la Commission européenne le pouvoir de proposer des mises à jour régulières de la liste des pays dont les systèmes de contrôle sont jugés insuffisants ou présentant des lacunes stratégiques.
Lors du vote, aucune opposition significative n’a été enregistrée, ce qui a permis à la mesure de prendre effet, en attendant l’approbation officielle du Conseil européen dans les semaines à venir.
### Autres pays concernés
Le vote a également entraîné des modifications de la liste des pays à risque élevé. Des États tels que le Liban, le Venezuela, le Kenya, le Népal, la Namibie, le Laos, l’Angola, la Côte d’Ivoire et Monaco y ont été ajoutés. En revanche, des pays comme les Émirats arabes unis, les Philippines, le Panama, la Jamaïque, la Barbade, l’Ouganda, Gibraltar et le Sénégal ont été retirés de cette liste après avoir amélioré leurs systèmes de contrôle.
### Conséquences pratiques
L’intégration de l’Algérie dans cette liste implique que les institutions financières européennes devront appliquer des mesures de contrôle renforcées sur toutes les transactions impliquant des individus ou des entreprises algériennes. Ces mesures incluent, entre autres, une vérification approfondie de l’origine des fonds, une surveillance accrue des transactions en cours, ainsi qu’un renforcement des contrôles sur les transferts d’argent et les fonds d’investissement. L’objectif est de réduire le risque d’utilisation du système financier européen pour des activités illégales ou suspectes, notamment liées au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme.
### Pourquoi l’Algérie ?
Selon des rapports de la Commission européenne, l’inscription de l’Algérie résulte d’une évaluation technique se basant sur les observations du GAFI, qui a révélé des lacunes stratégiques dans le système algérien de lutte contre le blanchiment d’argent, y compris un contrôle limité des flux d’argent à travers les frontières et une supervision insuffisante de certaines entités non financières comme les ONG.
Il est à noter que le GAFI avait précédemment classé l’Algérie sur sa « liste grise » depuis octobre 2024.
### Réactions
À ce jour, les autorités algériennes n’ont pas encore réagi officiellement à cette décision ni annoncé de mesures correctives. Du côté européen, la Commission a souligné que cette liste constitue un « outil préventif et non punitif », visant à « renforcer la confiance dans le système financier de l’Union européenne » en instaurant des niveaux élevés de transparence dans les transactions avec des partenaires extérieurs.
Le texte sera publié dans le Journal officiel de l’Union européenne après l’approbation du Conseil européen, permettant ainsi son entrée en vigueur dans les jours suivants.
### Prochaines étapes pour l’Algérie
Pour être retirée de cette liste lors des prochains ajustements, il est attendu que l’Algérie mette en œuvre un plan de réforme en collaboration avec le GAFI et renforce l’indépendance de ses unités de renseignement financier. De plus, l’Algérie devra élargir ses accords de coopération judiciaire et bancaire internationale et démontrer des améliorations significatives en matière de transparence et de contrôle.
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